Les attaques de requins sur les surfeurs : mythes, réalités et prévention
Les attaques de requins sur les surfeurs sont souvent entourées de mystère et de crainte, alimentées par les médias et les films d’horreur. Pourtant, ces incidents restent relativement rares et méritent une analyse plus nuancée. Cet article explore les faits, les mythes et les mesures préventives à considérer pour réduire les risques.
Attaques de requins : une question de statistiques
Environ 40 % de la population mondiale vit à moins de 100 kilomètres des côtes. Cela représente approximativement trois milliards de personnes.
Il y a environ 35 millions de personnes pratiquant le surf à travers le monde. Ce chiffre varie selon les sources et inclut des surfeurs occasionnels ainsi que des pratiquants réguliers. Le surf est particulièrement populaire dans des régions comme la Californie, Hawaï, l’Australie et certaines parties de l’Europe et de l’Amérique du Sud. Dans ces régions, les requins sont présents sur certains spots, sauf en Europe.
La réalité des attaques des requins sur les surfeurs
Il est essentiel de savoir que les attaques de requins sur les humains sont relativement rares. Selon les statistiques de l’International Shark Attack File (ISAF), il y a en moyenne 80 à 100 (plongée, nage, surf) attaques de requins non provoquées par an dans le monde. La plupart des requins n’ont aucun intérêt pour les humains et ne nous considèrent pas comme une proie.
La probabilité d’être attaqué est de 1 sur 11,5 millions et les décès sont encore plus rares. Selon les statistiques, il y a environ 4 à 5 surfeurs morts par an dus à des attaques de requins. Cependant, ces chiffres peuvent varier d’une année à l’autre. En général, les surfeurs sont exposés à un risque très faible par rapport à d’autres dangers liés à la pratique du surf. Noyade, chute sur le récif ou contre une planche de surf.
À titre de comparaison, chaque année, environ 150 personnes meurent assommées par une noix de coco, une cinquantaine en faisant des selfies et environ 1 million meurent de maladie transmises par les piqûres de moustiques.
Pourquoi les Requins Attaquent-ils ?
Les attaques de requins sont dues à plusieurs facteurs :
Curiosité : les requins sont des prédateurs naturellement curieux. Lorsqu’ils détectent des mouvements dans l’eau, ils peuvent s’approcher pour explorer.
Confondu avec une proie : en surf, les surfeurs et leurs planches vus du dessous peuvent imiter l’apparence des proies naturelles des requins, comme les phoques et les tortues, et surtout lorsque les eaux sont troubles, lorsque les vagues sont agitées.
Territoire : certaines espèces de requins sont territoriales et peuvent attaquer si elles se sentent menacées ou dérangées.
Prévention humaine contre les attaques de requins
Il est bien sûr impossible d’éliminer totalement les risques, mais plusieurs mesures peuvent être prises pour les réduire :
Éviter de surfer à l’aube ou au crépuscule : ce sont des périodes auxquelles les requins sont le plus souvent en chasse et donc plus actifs et où la visibilité est réduite.
Éviter les zones où des proies sont présentes : éloignez-vous des bancs de poissons ou des colonies de phoques.
Ne pas surfer seul : surfer en groupe peut réduire le risque d’attaque, car les requins préfèrent les proies isolées.
Être vigilant : gardez un œil sur l’eau et évitez de surfer dans des conditions de visibilité médiocre ou salie par la présence d’un port, d’un élevage de poissons (odeur de poissons). Les embouchures et les sorties de rivières peuvent être plus fréquentées aussi par les requins, car ils y cherchent leur nourriture. Les requins bouledogue sont les seuls à pouvoir supporter l’eau douce, on peut donc les retrouver dans les estuaires.
Prévention matériel contre les attaques de requins
- Le leash magnétique:
Un leash anti-attaque de requin est un dispositif conçu pour dissuader les requins d’approcher les surfeurs, nageurs ou plongeurs. Il combine une fonctionnalité classique de leash de surf avec une technologie qui repousse les requins basée sur des signaux électriques ou magnétiques.
Comment ça fonctionne ?
Les requins possèdent des organes sensoriels très sensibles, appelés ampoules de Lorenzini, qui détectent les champs électriques. Ces dispositifs émettent des impulsions électriques ou magnétiques inconfortables pour les requins, sans leur causer de dommages.
Marques populaires :
1. Sharkbanz Surf Leash : intègre une technologie magnétique qui crée un champ dissuasif autour du porteur.
2. Ocean Guardian FREEDOM+ Surf : Utilise une technologie électrique plus avancée et modulable.
3. Shark Shield : disponible en leash ou en dispositif indépendant, basé sur des ondes électriques.
Avantages :
Réduit significativement les risques d’attaques.
Facile à intégrer à une activité existante comme le surf ou la plongée.
Sans danger pour l’environnement marin.
Limites :
L’efficacité peut varier selon l’espèce de requin.
Nécessite un entretien régulier (surtout les modèles électroniques).
Attention, il ne garantit pas une protection à 100 %.
- LED intégrées aux planches de surf:
L’idée d’intégrer des LED aux planches de surf comme un moyen de prévenir les attaques est en cours d’innovation et vient tout juste de sortir à l’heure où j’écris ces lignes. Elle repose sur la compression naturelle des requins. Ces dispositifs peuvent avoir plusieurs avantages potentiels et s’inscrire dans une approche technologique pour améliorer la sécurité des surfeurs.
Comment cela fonctionne ?
Lumières LED et vision des requins :
Les LED pourraient être utilisées pour perturber ou désorienter les requins, réduisant ainsi leur probabilité d’approcher une planche.
Imitation de camouflage :
En créant des motifs lumineux spécifiques ou brisants la silhouette de la planche, les LED peuvent imiter des signaux qui ne sont pas perçus comme une proie par les requins. Des lumières clignotantes ou des motifs changeants pourraient les décourager.
Interactions avec les dispositifs :
Les requins perçoivent leur environnement différemment des humains. Ils sont sensibles aux contrastes lumineux et aux mouvements dans l’eau.
- Faire des dessins sous votre planche de surf et avoir une combinaison zébré:
Vous pouvez dessiner des formes et des couleurs qui ressemblent à des animaux venimeux comme le poisson scorpion ou le sea- snake.
Si vous hésitez à faire de beaux dessins sous votre planche, regardez dans cette vidéo sur l’expérience du ” tuyau zébré à la 43ᵉ minute !
Dispositif olfactifs:
Les dispositifs olfactifs ciblent l’odorat du requin et sont censés éloigner immédiatement les individus présents sur place ou bien les empêcher de s’approcher d’une zone. L’origine de ces répulsifs remonte aux années 1940, et durant les décennies qui ont suivi, un grand nombre de combinaisons de produits chimiques, d’hormones ou encore de toxines de poisson ont été testées. Bien que certains de ces tests semblaient prometteurs, ils n’ont jamais abouti réellement à des produits finis efficaces qui auraient pu être testés. Plus récemment, la recherche se tourne vers l’utilisation de necromone, odeur provenant de chair de requin putréfiée qui pourrait éloigner ces prédateurs.
Les zones à risques dans le monde
En cas d’attaque, il vaut mieux essayer de frapper le requin, comme Mick Fanning qui s’est transformé en boxer de requin lors d’une compétition de surf à Jeffrey’s bay. Heureusement, il s’en est tiré idem en repoussant ce requin blanc d’environ 3 m qui s’était pris dans son leash!
Vidéo de l’accident: https://www.youtube.com/watch?v=MU18cjjc05Y
Les zones les plus à risques sont : la Réunion, l’Australie, la Floride, l’Afrique du Sud, la Californie et la zone de Recife au Brésil.
Les cas de Recife de la Réunion :
À Recife en 15 ans, on a recensé une cinquantaine d’attaques sur une bande côtière d’à peine 20 kilomètres, dont certaines se sont faites au bord de l’eau.
Comme à La Réunion, le taux de mortalité y a été beaucoup plus élevé que la moyenne, avec un tiers d’attaques mortelles.
On compte des surfeurs, des body-boardeurs et de simples baigneurs parmi les victimes, dont certaines amputées des membres pour la plupart – ont survécu pour témoigner et faire avancer les recherches menées par des spécialistes brésiliens et américains.
On ne peut s’empêcher de rapprocher les événements qui se sont déroulés à Recife de ceux qui ont lieu actuellement à La Réunion. Mêmes causes, mêmes effets : minimisation du problème, lenteur pour réagir, rejet de la culpabilité sur les adeptes du surf dont la pratique a même été déclarée illégale sur place malgré la présence d’une communauté de surfeurs développée.
Alors que l’homme et le requin parviennent à cohabiter sans problème majeur dans la plupart des zones côtières, on se rend compte que des perturbations de son environnement peuvent conduire à des modifications de son comportement.
Surpêche, urbanisation et développement industriel des côtes, pollution : autant de facteurs évoqués pour les attaques à La Réunion et au Brésil…
Pourquoi ici et pas ailleurs ? D’après Rosangela Lessa, chercheuse à l’université fédérale rurale de Pernambouc (Brésil) interviewée par la BBC, ces attaques plus nombreuses et violentes sont dues à des perturbations environnementales récentes dans la région.
Une eau polluée
La mise en service du port de Suape serait la plus grande cause des attaques. En effet, le port est situé à 20 kilomètres au sud de la plage de Boa Viagem, là où la plupart des attaques ont lieu, et il a fortement perturbé la vie marine. Sa construction a débuté à la fin des années 1970, mais ce n’est qu’à partir de 1992 que le trafic a commencé à y être important. Avant cette année-là, il n’y avait pas plus d’attaques de requins qu’ailleurs dans le monde.
Pour construire ce port, les estuaires ont été dragués et de longs quais construits sur l’océan. Un problème, particulièrement pour les requins taureaux, dont les habitudes de chasse sont aujourd’hui perturbées par la construction du bâtiment de Suape.
Les espèces de requins qui sont présentent en France et dans les Landes:
1. Requin bleu (Prionace glauca)
- Description : C’est un requin de taille moyenne, mesurant généralement entre 2 et 3 mètres. Il est reconnaissable par sa couleur bleu vif.
- Régime alimentaire : carnivore, il se nourrit de poissons, de calmars et parfois de petits mammifères marins.
- Localisation : il est présent en Méditerranée et dans l’Atlantique, mais il reste majoritairement en haute mer.
2. Requin mako (Isurus oxyrinchus)
- Description : connu pour être l’un des requins les plus rapides, il mesure environ 2 à 4 mètres de long.
- Régime alimentaire : il est un prédateur actif, il se nourrit de poissons et de céphalopodes.
- Localisation : il évolue principalement présent en haute mer dans l’Atlantique, mais il est parfois observé près des côtes.
3 Le requin Pèlerin
Par exemple, comme sur ma planche de surf ci-dessous. Les lignes noires alternant avec le blanc de la planche de surf imitent un poisson scorpion.
Vous pouvez aussi changer de look en cherchant une combinaison de surf rayé de noir et blanc. Il faut éviter les couleurs vives (jaune, rouge, orange).
- Description : Ce requin filtreur est le deuxième plus grand requin du monde, atteignant jusqu’à 10 mètres de long.
- Habitat : On le trouve principalement en haute mer, mais il s’approche parfois des côtes pour se nourrir de plancton.
Conclusion
Les attaques de requins sur les surfeurs, bien que souvent médiatisées, restent des événements rares. Comprendre le comportement des requins et adopter des pratiques de sécurité peut aider à profiter des plaisirs du surf tout en réduisant les risques. La sensibilisation et le respect des environnements marins sont essentiels pour coexister avec ces fascinantes créatures.
Les requins ne font pas que réguler, ils sont aussi les médicaments des océans. En éliminant les faibles et les malades, ils participent au maintien de populations de proies saines.
Quand les grands requins sont victimes de la surpêche, les populations de mésoprédateurs (les prédateurs plus petits dont se nourrissent ces requins) deviennent incontrôlables. Une augmentation du nombre de mésoprédateurs peut ensuite entraîner un épuisement des autres ressources, endommageant les environnements. Par exemple, si les vivaneaux et les mérous sont trop nombreux sur les récifs coralliens parce que les requins de récif ne sont plus assez nombreux pour les chasser, ces poissons mésoprédateurs vont surconsommer leur source de nourriture : les poissons mangeurs d’algues. Si l’écosystème ne dispose pas d’une population suffisante de poissons mangeurs d’algues, ces dernières peuvent prendre le dessus, étouffer et tuer le corail.
En France, il n’y a pas eu d’attaque recensée, à part dans les territoires d’outre-mer.
Je trouve que les requins sont des animaux majestueux. J’ai déjà rencontré cet animal en plongée, ce moment était inoubliable. Il ne faut surtout pas oublier que nous sommes de passage dans son environnement.
Bon surf !
Sam